C’est une découverte majeure qui pourrait révolutionner le quotidien des quelques 700 millions de personnes souffrant de dyslexie dans le monde [1]. Communément appelée « cécité des mots » par le passé, la dyslexie se caractérise par un trouble spécifique de l’apprentissage de la lecture. Les causes de ce handicap cognitif sont multiples, et ne sont pas toutes connues. Mais récemment, deux chercheurs rennais, Albert Le Floch et Guy Ropars, ont découvert une cause anatomique potentielle de ce trouble [2]. C’est grâce à cette découverte qu’Abeye a créé Lexilens, une monture d’aide à la lecture pour les personnes dyslexiques.

Une question de symétrie

Bien qu’apparemment symétriques, nos deux yeux font preuve de rivalité et de domination. En effet, avec une vision binoculaire normale, subsiste toujours un effet de parallaxe entre nos deux yeux, ce qui conduit le cerveau à déterminer un œil sur lequel il compte principalement pour obtenir des informations précises, comme lors de la lecture. Cette condition nécessite une asymétrie cachée entre les deux yeux. C’est ce qu’ont découvert Albert Le Floch et Guy Ropars, chercheurs à l’université de Rennes, en s’intéressant à un groupe bien spécifique de photorécepteurs de l’œil, lié à la formation des taches de Maxwell dans notre champ de vision.

Grâce à une étude, menée sur deux groupes de 30 étudiants (l’un composé de personnes dyslexiques, l’autre de personnes non-dyslexiques), ces physiciens ont découvert que ces taches de Maxwell étaient asymétriques entre les deux yeux chez ce deuxième groupe. Ils ont cependant constaté que cette asymétrie était absente (ou presque) chez le premier groupe.

Des yeux « trop parfaits »

En s’interrogeant sur le rôle d’une telle asymétrie dans les troubles dyslexiques, les chercheurs rennais en ont déduit que l’absence de cette dernière pourrait être la base anatomique des handicaps de lecture et d’orthographe que l’on peut observer chez des personnes qui ont une vision normale mais souffrent de dyslexie. Avoir des yeux parfaitement symétriques perturberait la connectivité entre différentes régions du cerveau et serait à l’origine des difficultés visuelles et phonologiques communément observées. En particulier, cette différence conduirait à une coexistence d’images primaires et miroirs. La confusion entre les lettres en miroir, telles-que « b » et « d », expliquerait les difficultés de lecture.

Lexilens, des lunettes pour faciliter la lecture des dyslexiques

Cependant, lors de la lecture, il existe un délai (de 5 à 10 millisecondes) avant que le cerveau d’une personne dyslexique ne superpose à l’image primaire d’un « b », l’image miroir d’un « d ». Cette fenêtre temporelle offre la possibilité d’effacer l’image miroir secondaire ; et c’est là que toute l’innovation Lexilens opère !

Fonctionnant grâce à un filtre électronique actif, les lunettes Lexilens permettent à leur porteur de bénéficier d’un traitement temporel de l’image. Cette technologie facilite ainsi grandement la lecture, en annulant l’apparition erronée de l’image miroir. Les lunettes Lexilens représentent donc une avancée majeure dans l’aide à la lecture des personnes dyslexiques.